La epistemología tradicional, desde Kant, ha planteado la investigación del conocimiento en términos de los fundamentos y de las representaciones que la Razón se hace de las cosas fuera de la mente. Dicha agenda de investigación supone, empero, una concepción de la Razón y de sus razones. ¿Cuáles son las razones de la Razón? En este ensayo proponemos que la epistemología tradicional, en cuyo marco el pensamiento moderno encontró un sostén decisivo, elaboró un concepto de Razón cuya raíz ha de buscarse en el movimiento de la Ilustración, por un lado, y en lo que Max Weber llamó la "razón instrumental", por el otro. Mientras que la Ilustración se erige como un movimiento anti-filosófico (esto es, "anti-especulativo") que - con Condorcet, entre otros - encuentra en los métodos de las matemáticas un ideal de certeza de donde se evacúa la subjetividad del individuo y se remplaza por la entidad abstracta que luego se dará en llamar el "sujeto epistémico" - un sujeto vaciado de voz y de sentimientos, al cual se le deja solamente el cerebro -, la razón instrumental, por su lado, se caracteriza por la sistematización del saber empírico en principios generales cuya finalidad es la facultad de predecir. Este ensayo retraza dos de los momentos centrales que han conducido a un cuestionamiento profundo de las bases en que reposa la racionalidad moderna y a su ineludible consecuencia: la desnaturalización de la razón. Estos momentos son: los esfuerzos de los primeros antropólogos a principios de siglo por entender la mentalidad de otros pueblos (problema que se planteó a raíz de las campañas de colonización) y la crísis de la representación a la que condujo la crítica post-modernista. Se aboga, al final, por una concepción más amplia de racionalidad que, prestando más atención a las diferentes voces de los alumnos, nos permita proponer prácticas educativas más aptas para la enseñanza de las matemáticas.
Traditional epistemology, since Kant, has investigated the problem of knowledge in terms of the principles and representations which Reason makes up from things outside of the mind. However, such an investigation assumes a certain conception of Reason and its reasons. So, what are the reasons of Reason? In this essay, it is suggested that traditional epistemology, which provided a solid basis for the conception of modern thought, has elaborated a concept of Reason whose roots are found in two key moments in Western History. The first is that of the Enlightenment movement which declared itself anti-philosophical (that is to say, "anti-speculative") and that, with Condorcet, among others - saw in mathematics an ideal of certainty where the individual's subjectivity was replaced by an abstract entity that will later be called the "epistemic subject" - a subject emptied of voice and feelings to which one leaves only the mind. The second key moment is identified with the birth of what Max Weber called the "instrumental reason" - which is characterized by a systemization of empirical knowledge and their transformation in general principles - whose aim is to make predictions. This essay relates two recent pivotal moments that shook up modern thinking as we know it and that have achieved what we have termed the denaturalization of Reason. These two moments are : (i) the great efforts undertaken by the anthropologists since the beginning of the century in order to understand the mentality of other peoples (a problem which arose following the colonization campaigns) and (ii) the crisis of the idea of representation which ensued from the post-modernist critiques. At the end of this esssay, we suggest that a broader conception of rationality, open to incorporate the different voices and perspectives of the students, may permit the introduction of more diversified educational practices in the teaching of mathematics at school.
Depuis Kant, l'épistémologie traditionnelle a posé le problème de la connaissance en termes des fondaments et des représentations que la Raison se fait des choses à l'extérieur de la tête. Un tel programme de recherche suppose, toutefois, une certaine conception de la Raison et de ses raisons. Mais quelles sont les raisons de la Raison? Dans cet essai on suggère que l'épistémologie traditionnelle, à l'intérieur de laquelle la pensée moderne a trouvé un appui décisif, a élaboré un concept de Raison dont les origines sont liées à deux moments clés de l'histoire occidentale. Le premier est celui du mouvement intellectuel de l'Illustration qui se déclare anti-philosophique (c'est-à-dire, "anti-spéculatif") et qui - avec Condorcet, entre autres - trouve dans les méthodes des mathématiques un idéal de certitude où la subjectivité de l'individu est remplacée par l'entité abstraite qu'on appelera plus tard le «sujet épistémique» - un sujet vidé de voix et de sentiments auquel on laisse le cerveau seulement. Le deuxième moment clé est identifié à l'apparition de ce que Max Weber a appelé la « raison instrumentale », et qui se caractérise par une systématisation du savoir empirique en principes généraux dont la finalité est sa faculté de prédire. Cet essai retrace deux moments récents qui ont secoué les bases de la pensée moderne et qui ont joué un rôle fondamental dans l'avenir de celle-ci (en particulier en achevant ce que nous appelons ici la dénaturalisation de la Raison). Ces moments sont : (i) les efforts entrepris par les anthropologues depuis le début du siècle pour comprendre la mentalité des autres peuples (un problème qui s¿est posé en particulier suite aux campagnes de colonisation) et (ii) la crise de l'idée de représentation qui a découlé des critiques post-modernistes. On suggère, à la fin de l'essai, qu'une conception plus ample de rationalité, susceptible d'inclure les différentes voix et perspectives des élèves, peut nous mener à proposer des pratiques éducatives plus larges pour l'enseignement des mathématiques à l'école.
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